« 1. La souffrance animale L’éthique animale peut être définie comme « l’étude du statut moral des animaux, c’est-à-dire de la responsabilité des hommes à leur égard. »
Le bien-être animal quant à lui est une notion selon laquelle toute souffrance animale inutile devrait être évitée. Dans l’exercice de la médecine vétérinaire, la double allégeance du vétérinaire praticien envers l’animal et le client se trouve au cœur de l’éthique vétérinaire. Le code de déontologie dicte aux vétérinaires de « conserver une attitude empreinte de dignité et d’attention, tenant compte en particulier des relations affectives qui peuvent exister entre le maitre et l’animal » et lui demande qu’il « respecte les animaux ». Mais la prise en compte du bien-être animal n’est pas toujours chose facile. Ainsi, Rollin compare le vétérinaire à un mécanicien automobile ou à un pédiatre. Dans la première image, le vétérinaire se voit comme un technicien qui fonctionne à la demande du propriétaire, ce dernier pouvant exiger d’éliminer le véhicule si les coûts de réparation dépassent sa valeur. Le second modèle est celui du vétérinaire qui se voit comme travaillant au nom du patient et ne permettant pas, par exemple, qu’un parent élimine un enfant. Sa prise en compte du bien-être animal est totalement différente dans ces deux cas.
Le 1er cas peut s’appliquer aux animaux de rente, les seconds aux animaux de compagnie mais les limites entre ces deux domaines évoluent.
Pour tenter d’illustrer le travail des vétérinaires, Morgan les classe selon leurs pratiques - d’abord, le fournisseur d’informations dont le rôle est d’éclairer le client pour qu’il se détermine, - ensuite, le fournisseur de service dont le rôle est de rendre un service à la clientèle dans une transaction commerciale, - troisièmement, l’avocat du client qui priorise les intérêts du client : la divulgation des informations peut être limitée et le praticien adopte une approche paternaliste dans le but de protéger le client contre des décisions difficiles, - enfin, le défenseur des animaux qui donne priorité aux intérêts de l’animal, quitte à ne pas divulguer certaines informations pour poursuivre le cours des actions le plus approprié pour l’animal. Ici, le vétérinaire se considère lui-même dans le rôle du gardien de l’animal.
On voit aussi que, partant d’une même base éthique professionnelle commune, les vétérinaires libéraux prennent en compte l’éthique animal de manière bien différente. Les vétérinaires praticiens se trouvent dans une position difficile du fait qu’ils travaillent avec des espèces animales représentant plusieurs facettes des valeurs sociétales. Le vétérinaire éthique se doit de servir non seulement les intérêts du client et de l’animal, mais aussi les aspects affectifs et utilitaires des animaux dans la société. Avec une structure éthique aussi complexe, il n’est pas étonnant de voir les valeurs éthiques des vétérinaires diverger. Cette diversité doit être considérée comme une richesse et un atout pour représenter les diverses places que la société accorde à l’animal et donc au vétérinaire. Car les différentes identités éthiques du vétérinaire représentent la multiplicité et les opinions souvent paradoxales de la société concernant l’animal.
2. La souffrance humaine Il est à noter également que certains propriétaires reportent leur maladie, leur solitude, le départ ou l’absence d’enfants sur leur animal et que nous avons là l’expression de la souffrance humaine.
Dans certains cas, on pourrait même envisager une analogie avec ce qui est communément appelé en médecine humaine le syndrome de Munchhausen.
Il est alors difficile de faire la part des choses et notamment d’objectiver les symptômes de maladie décris par le propriétaire mais que l’on a bien souvent du mal à retrouver dans le tableau clinique réel de l’animal. »
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